« Enveloppe urbaine » vs. biodiversité urbaine

Limiter l’expansion urbaine vise notamment à maintenir les espaces agricoles, réduire les linéaires d’infrastructures et limiter les besoins en déplacements. Dans l’intention affichée, l’effort vise aussi à limiter l’impact de l’urbanisation sur la biodiversité. Pourtant, les milieux de biodiversité inclus dans les trames urbaines sont les premières victimes du contrôle de l’expansion urbaine pratiqué aujourd’hui.

En effet, pour maîtriser l’étalement urbain, une « enveloppe urbaine » est délimitée, dans laquelle il est prioritaire de construire, incluant les espaces urbanisés, leurs abords immédiats, et les secteurs non urbanisés mais enclavés. Pourtant, cette enveloppe urbaine inclut une grande part des espaces de biodiversité urbaine constitués des franges végétales, îlots verts, jardins d’agrément ou potagers, friches, etc.

Dans le discours, qui associe espaces cultivés et milieux naturels, toute urbanisation nouvelle au sein de cette enveloppe urbaine ne constitue pas une expansion urbaine mais une densification, et apparaît donc comme modèle d’un développement remarquable.

Pourtant, en termes de biodiversité, les espaces cultivés épargnés, périphériques, sont souvent très pauvres. Une terre labourée plantée d’une unique espèce domestiquée présente peu d’intérêt, alors qu’un secteur de jardins ou de friche peut être particulièrement riche. Les 2 vues aériennes suivantes (métropole d’Amiens) soulignent cette différence entre un espace cultivé, hors enveloppe urbaine et non constructible, et un secteur de jardins, dans l’enveloppe urbaine et menacé car constructible.

Ainsi, la technique de l’enveloppe urbaine et le ciblage des « dents creuses » utilisés pour la maîtrise de l’artificialisation pose comme problème essentiel de négliger cette biodiversité existant au sein de nos espaces urbains. Une biodiversité que pourtant, dans l’intention affichée, la maîtrise de l’artificialisation des terres vise à protéger.

En d’autres termes, la nécessité de densification urbaine manque aujourd’hui de nuance, et ce n’est pas bon pour la biodiversité.

Conséquence n°1 : Si l’un des objectifs de la maîtrise de l’urbanisation est la conservation de la biodiversité, alors la richesse des espaces de biodiversité urbains devrait être comparée à la richesse des espaces de périphérie que la méthode actuelle vise à éviter, pour influer sur les décisions en complément de la seule logique de l’enveloppe urbaine.

Conséquence n°2 : Il serait utile à la biodiversité de bien distinguer les milieux naturels des milieux agricoles dans les mesures des PLU soutenant une moindre artificialisation. Actuellement confondus derrière cet unique objectif, les premiers sont souvent perdants face aux seconds.

Bel avenir à tous!

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Une réflexion sur « « Enveloppe urbaine » vs. biodiversité urbaine »

  1. Ping : Courrier à Monsieur Gest et Madame Fouré, 21 octobre 2021 | DAVID BONDUELLE

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