Proposition de publication annuelle d’indicateurs relatifs aux sources d’énergie et à l’emprise artificialisée de la Métropole.
Monsieur Gest, Madame Fouré,
En 2019, vous avez porté une ambition forte pour Amiens et pour la Métropole : atteindre l’autonomie énergétique en 2050 [1].
Cette ambition suppose, dans notre contexte local, outre une réduction des consommations, de trouver des sources d’énergie autres que fossiles, ce qui s’inscrit pleinement dans la nécessaire transition énergétique pour le climat, et autres que nucléaires.
L’électricité comme l’hydrogène sont des vecteurs et non des sources d’énergie, bien qu’ils permettront vraisemblablement de diversifier celles-ci. Actuellement, vos pistes concernent l’énergie issue de nos déchets ménagers et agricoles par méthanisation, de nos déchets combustibles par des chaudières au bois, et des « chaleurs fatales » de plusieurs industries locales. À défaut de chiffrage, il est difficile d’estimer le potentiel de croissance de ces sources d’énergie dans le mix global, mais il semble assez faible.
Vos pistes concernent aussi le développement d’énergies renouvelables. Récemment, un projet de centrale photovoltaïque de 10 GWh annuels a été approuvé sur 12 ha, tandis qu’un projet éolien de 54GWh annuels a été refusé sur 1,8 ha. Ces choix montrent une difficulté d’ampleur entre l’ambition affichée et la possibilité de mettre en œuvre des solutions suffisantes pour y parvenir.
Outre le climat, un autre enjeu reconnu nationalement, au travers notamment du plan biodiversité de 2018, concerne la nécessité de ne plus artificialiser de sols supplémentaires, voire de renaturer des espaces. Il s’agit là de la condition la plus évidente, à portée de chacun des décideurs, pour enrayer le déclin de la biodiversité.
Les solutions à ces enjeux du climat et de la biodiversité sont à apporter au plus tôt, pour un résultat de long terme dont vous, élus, ne profiterez pas [2]. Ces solutions sont pourtant nécessaires et non accessoires à la pérennité de nos activités actuelles et à venir. En particulier, l’emploi [3] ou le développement économique ne peuvent pas justifier de nouveaux projets qui iraient à leur encontre. Leur mise en œuvre est de la responsabilité de tous.
Face à ces enjeux, pour montrer en responsabilité votre engagement et convaincre les indécis, y compris peut-être vous-mêmes, sur le chemin qu’il reste à faire, le chiffrage et la publication annuelle de 2 indicateurs, ainsi que leur communication, me semblerait nécessaire :
- La quantité d’énergies utilisées sur le territoire de la Métropole, déclinée par secteur (industrie, transports, habitat…), par source d’énergie primaire, et par origine géographique de ces sources d’énergies,
- L’emprise artificialisée de la Métropole, en distinguant les occupations de sol concernées par les variations de ces emprises (activités, habitat, cultures, milieux naturels). À ce propos, il serait utile [4] :
- de quantifier l’intérêt écologique des secteurs de jardins et autres espaces verts urbains, souvent inclus sans nuance dans les espaces urbains à densifier,
- de bien dissocier les espaces agricoles (souvent à faible intérêt écologique, mais très défendus donc souvent préservés) des espaces naturels (friches, jardins, etc, parfois à fort intérêt écologique, mais peu défendus et premiers supprimés).
Espérant que vous voudrez bien considérer cette proposition,
Cordialement,
David Bonduelle,
Habitant de Rivery
PS. Il est probable que certaines de vos publications m’aient échappé.
Ainsi, si ces indicateurs sont déjà publiés, pourriez-vous m’indiquer où les consulter ?
Mme Fouré a répondu le soir même :
Bonjour Monsieur. À l’heure où la ville réfléchit à un pacte pour la transition écologique, je note vos suggestions. Cordialement. Brigitte Fouré
Par rapport au courrier envoyé ce 21 octobre, 2 coquilles ont été ici corrigées et les notes suivantes ont été ajoutées :
[1] : voir l’article Amiens, ville autonome en énergie?
[2] : Dans un sens, c’est même une absence d’effet (négatif) qui est attendue de nos efforts, ce qui n’a rien d’enthousiasmant dans un bilan d’élu. Pompons pour qu’il ne se passe rien, diraient les Shadoks. Sauf que les conséquences sont connues, si nous ne pompons pas.
[3] : L’argument de la création d’emplois semble imparable au regard des situations de chômage. Mais en réalité, il repose sur un double malentendu (voir l’article La création d’emplois par l’artificialisation des sols) :
- En premier lieu, la création d’emplois soutient d’abord la venue de nouveaux habitants.
- Ensuite, cette création d’emplois est toujours affichée brute (nombre d’emplois créés pour un projet, facile à voir) et non nette (déduction faite des emplois supprimés ailleurs, de manière souvent trop indirecte pour être chiffrable).
Ainsi, si les projets de nouveaux aménagements visent à créer de l’emploi, ils permettent peu de réduire le taux de chômage, ce qui est essentiel à considérer lorsque l’argument de l’emploi est donné pour justifier de nouveaux projets d’artificialisation des sols.
[4] : voir l’article « Enveloppe urbaine » vs. biodiversité urbaine