Nature : non à la préservation !

Car cette seule ambition est très insuffisante.

En effet, se contenter de « préserver la nature » en général, ou les espaces naturels, c’est:

  • Tolérer les atteintes mineures mais non nulles, en fixant des seuils sous lesquels on néglige les incidences (seuils de déclaration ou d’autorisation par exemple) ou, en l’absence de seuils, en considérant que certaines incidences de projets n’impliquent pas de les modifier.
  • Accorder des dérogations pour les projets considérés comme importants. Certes, les dérogations sont normalement accompagnées de mesures de compensation qui permettent au moins de remplir les fonctionnalités du milieu compensé. Ces compensations supposent toutefois de bien connaître les fonctionnalités des milieux, et ne sont pas nécessairement possibles tout le temps.
  • Considérer souvent que les espaces naturels sont limités, inscrits dans une liste finie, en dehors de laquelle un projet n’aurait pas d’incidence sur la nature (exemple: zonage de PLU, dessin de trame verte et bleue, contours de ZNIEFF). Pourtant, la nature se trouve un peu partout: friches, jardins, petits éléments du paysage, ornières de boue!
  • Considérer que nos voisins font le même effort que nous. Pourtant, si mon voisin fait moins pour différentes raisons, volontaires ou non, alors mon statu quo n’a pas d’autre avenir global qu’un déclin continu.
  • Négliger que certaines atteintes ne sont pas déclarées, ou que certaines déclarations sont minorées. Et aussi négliger notre impuissance à faire restaurer après coup un espace dégradé.

Dans tous les cas, se contenter de préserver, c’est donc cautionner une érosion inéluctable des milieux et de la biodiversité liée.

Alors bien-sûr, il faut préserver nos milieux naturels. C’est une base évidente, mais pas une ambition suffisante. Or, c’est souvent la seule ambition affichée par un bon nombre de nos décideurs, notamment via nos documents de planification qui se veulent exemplaires. Et qui font tous l’autruche, dans des proportions variables, sur les limites de cette ambition.

Donc, non. Pour la biodiversité, il faut faire davantage. C’est notamment la « reconquête », promue par le CESE. Outre la préservation des milieux existants, en travaillant sur les différents facteurs de leur érosion, c’est aussi la création de nouveaux milieux sauvages et la restauration de milieux existants, avec une flore locale, qui est nécessaire. L’avenir est aussi à la mise en nature de nos espaces déjà artificialisés: villes, zones d’activités, zones agricoles… Avec pour premier objectif de compenser la seule érosion indépendante de notre bonne volonté. Rien que pour atteindre ce seul équilibre de non perte globale, il faut faire plus que seulement préserver. Quand on y sera, alors l’objectif pourra aussi être de dépasser le niveau de nature que l’on connait aujourd’hui.

Joyeux avenir à tous!

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