Alternative à l’aménagement cyclable Baudrez / Leclerc, à la demande de M. l’Adjoint au Maire à l’urbanisme, environnement, développement durable de Rivery
cc : Vice président voirie et infrastructures d’Amiens Métropole – Association Veloxygène
Monsieur, Madame,
Vous nous avez convié à participer ce 6 novembre à une réunion publique pour l’aménagement de l’avenue du Général Leclerc et je vous en remercie.
Lors de cette rencontre, Monsieur [l’adjoint à l’urbanisme de Rivery] m’a demandé quelle alternative il y aurait à l’aménagement cyclable proposé à l’intersection rue Baudrez – avenue Leclerc. J’avais en effet souligné que les marquages et sections de pistes proposés à chaque angle sud me paraissaient inutilement complexes, et qu’il semble que 2 feux devront être franchis pour rejoindre les côtés opposés des intersections, ce qui risque d’être peu respecté.
Question pertinente de M. [l’adjoint à l’urbanisme] à laquelle une réponse pertinente de ma part, découvrant alors le projet et sans documents ni interlocuteur de référence à consulter immédiatement nécessitait un temps de réflexion.
N’ayant pas les coordonnées de M. [l’adjoint à l’urbanisme], pourrez-vous lui transmettre la présente réponse? Ainsi que, si vous le jugiez utile, aux autres intervenants concernés du projet.
• Tout d’abord, le choix même d’une piste bidirectionnelle doit être questionné, en ville, sur une courte section de voirie.
Mais mon propre avis a peu de poids. Et je ne connais pas le niveau d’implication de l’association Véloxygène dans le projet.
Je connais en revanche le niveau d’expertise de l’association Droit au Vélo (ADAV), dans l’ex Nord-Pas-de-Calais (35 ans, 2000 adhérents). Son équipe salariée est financée par la Région, les Départements et des communes, pour l’expertise qu’elle leur apporte sur leurs aménagements cyclables.
Cette expérience de l’ADAV a fait notamment l’objet d’un recueil de recommandations pour les aménagements cyclables, corédigé avec le Département du Pas-de-Calais, que l’association met à disposition ici:
http://fichiers.droitauvelo.org/DOC/technique/CD62-GuideRecommandationsVelo.pdf
La première phrase d’introduction du guide (p.5) est assez explicite: « Chaque cas est particulier. Si on peut affirmer avec certitude qu’il ne faut par exemple pas aménager de pistes cyclables bidirectionnelles en ville, il peut y avoir des configurations particulières où c’est la meilleure solution« .
La synthèse des avantages et inconvénients en p.9 ne montre un intérêt de l’aménagement qu’en sections (donc en dehors des intersections), et pour les cyclistes néophytes (les autres sont libres de ne pas emprunter l’aménagement, ce qui peut agacer aussi d’autres usagers et faire douter du choix fait par les aménageurs).
À titre personnel, j’avais pris l’exemple de la piste cyclable de Camon (rue Roger Allou), pour circuler efficacement depuis Rivery vers Camon et au-delà. Sans parler des défauts de revêtement, on a sur ce type de piste des difficultés d’insertion et de réinsertion et le risque percuter d’autres usagers en longeant les façades et sorties cochères. Je préfère donc souvent prendre au contraire toute ma place bien en visibilité en circulant sur la chaussée, comme la signalisation m’y autorise.
La solution que je crois la plus pertinente, pour vous répondre, intervient donc probablement trop tard. Il s’agit de renoncer au choix de la piste bidirectionnelle, (complexité, risque de mésusage, risque pour les riverains) et d’opter pour des pistes unidirectionnelles avec insertion avant le carrefour, ou des bandes cyclables (p.11), bien délimitées. Des bandes cyclables présenteraient néanmoins comme principal défaut de moins contraindre la vitesse des véhicules motorisés du fait de la largeur de voirie (p.13).
• Sur la base du choix qui a été fait d’une piste bidirectionnelle, une alternative à l’aménagement de l’intersection n’est pas évidente.
Le directeur de l’ADAV que je viens de consulter sur la question, m’a proposé en cas d’impossibilité de revenir sur le choix d’une piste bidirectionnelle, 2 exemples d’intersections équivalentes dont il a connaissance dans la métropole lilloise:
– Avenue Kennedy à Lille, intersection avec Saint Sauveur :
– rue des Trois Fermes à Hem, intersection avec la rue Jules Guesde :
Ces 2 exemples montrent le choix de sas vélos pour permettre aux cyclistes quittant des pistes bidirectionnelles de rejoindre le reste de la circulation.
Ici, pour simplifier un peu l’intersection en projet telle qu’elle nous a été présentée, et donc la rendre plus praticable, vous pourriez ainsi aménager un sas vélo, dans la rue Baudrez (et donc à contre-sens cyclable) entre l’axe Leclerc/Thuillier-Delambre et la piste projetée, pour permettre aux cyclistes de réintégrer la circulation normale dès leur sortie de la piste (et poursuivre rue Baudrez au Sud), et supprimer les pistes en quarts de cercles inutiles projetées aux 2 angles Sud de l’intersection. Le problème du double feu pour rejoindre le Sud de la rue Baudrez n’est toutefois pas résolu.
En outre, si des feux sont effectivement prévus de part et d’autre de la rue Baudrez aux extrémités de la piste, un tourne-à-droite cycliste pourra être apposé à l’angle nord-est.
Notez bien que, de la praticabilité des aménagements cyclables qui seront réalisés, découle directement:
– leur respect, et donc la sécurité que vous visez initialement à apporter,
– leur fréquentation, et donc la concrétisation de votre volonté supposée de voir se développer le vélo,
– l’image que les usagers et les riverains retiendront de leurs décideurs.
Dans l’espoir que cette réponse contribue au développement efficace de la pratique du vélo,
Cordialement,
David B.
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