Eaux pluviales et revêtements urbains perméables

J’ai saisi plusieurs occasions de demander à ce que des aménagements urbains soient rendus davantage perméables aux eaux pluviales (ici, ici et ici), ce que je justifie ici par exemple.

Pour être concret dans cette demande qui semble parfois mal comprise, je copie ici quelques exemples de réalisations possibles.

Pour bien souligner l’opposition entre ce qui est dit est ce qui est souvent prévu, je rappelle aussi les engagements moraux de nos décideurs locaux.

Enfin, puisque qu’un représentant d’Amiens Métropole m’a répondu, textuellement, qu’une zone de stationnement ne serait pas désimperméabilisée parce que cela coûte plus cher, parlons pépètes.

Recommandations schématisées par Amiens Métropole, dans le Guide à usage des professionnels – Aménagement des eaux pluviales

.I. Exemples de réalisations possibles

D’après l’ADOPTA – Association pour le Développement Opérationnel et la Promotion des Techniques alternatives en matière d’eaux pluviales – Extraits de la présentation La gestion des eaux pluviales: une solution d’adaptation pour tous les milieux – Elia Desmot – 25 avril 2019.

http://www.capitale-biodiversite.fr/sites/default/files/Ateliers/documents/3-adopta-gestion-durable-eaux-pluviales-desmot_0.pdf

Principes :

  • Copier la gestion naturelle
  • Gestion au plus près du point de chute
  • Ne pas concentrer
  • Éviter le ruissellement – retenir l’eau
  • Ne pas imperméabiliser
  • Donner deux fonctions en même temps à un même espace

Sélection d’exemples en images :

Parking végétalisé

• D’après l’AREAS – Association au service des acteurs de l’aménagement du territoire pour la préservation des sols et de la ressource en eau.

Noue d’infiltration en milieu urbain

• D’après Place du Pro, « tous les produits professionnels pour la ville, le sport et le paysage » – 31 janvier 2019

https://www.placedupro.com/actualites/la-vegetalisation-des-parkings-135

La végétalisation des parkings représente aujourd’hui un potentiel énorme pour augmenter la proportion d’espaces perméables en milieu urbain. Cette désimperméabilisation est d’intérêt général : infiltration des eaux de pluie pour limiter l’engorgement des réseaux, recharge naturelle des nappes phréatiques, protection contre l’érosion, limitation de l’effet d’îlot de chaleur urbain, plus-value esthétique… Autant d’atouts à considérer pour vous convaincre de l’intérêt de cette solution. Face aux enjeux actuels, la végétalisation des parkings est un marché porteur en plein développement, les solutions existantes étant de plus en plus nombreuses, le verdissement pouvant se faire sur toute la surface du parking ou seulement sur les places de stationnement.

Exemple de parking végétalisé, d’après Placedupro

D’après Frédéric Héran – Le paysage des transports – 12 juillet 2017

-> Solutions techniques sur le site.

Des parkings paysagers – De nombreuses communes exigent depuis peu la création de parkings paysagers, dotés d’arbres et de sols enherbés, améliorant au passage la perméabilité du sol et le confort des usagers. Avec la loi ALUR (loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) du 24 mars 2014, une nouvelle disposition entrée en vigueur le 1er janvier 2016 oblige les nouvelles surfaces commerciales à réduire l’emprise au sol du stationnement au 3/4 de la surface du bâti. La contrainte est moindre si des aménagements paysagers en pleine terre sont réalisés.

Un exemple de parking paysager. © Frédéric Héran

II. Engagements moraux de nos décideurs

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Promesses de décideurs, d’après Xavier Gorce

Notes : SCOT = Schéma de Cohérence Territoriale – DOO = Document d’Orientations et d’Objectifs – PADD = Plan de Développement et d’Aménagement Durables – PLU = Plan Local d’Urbanisme

SCOT du Grand Amiénois

Objectif J – VALORISER ET GÉRER LES RESSOURCES DU TERRITOIRE

PRESCRIPTION 1 .2 > Améliorer la gestion des eaux pluviales – p.190 du DOO

L’imperméabilisation des sols par les constructions et la voirie entraîne de nombreuses perturbations du cycle de l’eau : augmentation du ruissellement (les débits de pointe en particulier) et donc de la vitesse de montée en charge des cours d’eau et du risque d’inondations, réduction du réapprovisionnement de la nappe phréatique, concentration dans les cours d’eau des polluants urbains charriés par les eaux de ruissellement (hydrocarbures, métaux toxiques, etc.). La limitation de l’imperméabilisation des sols passe donc d’abord par le choix des modes d’occupation du sol […].

Pour ce faire, les communes et intercommunalités devront :

> Limiter l’imperméabilisation des sols

À l’échelle du bassin versant, elles traiteront la question des eaux pluviales dans le cadre de leur document d’urbanisme via l’élaboration de schémas de gestion des eaux pluviales et définiront les modalités destinées à limiter les surfaces imperméabilisées et permettre l’installation de dispositifs de rétention et de récupération des eaux de pluie. L’utilisation de techniques alternatives, tant au niveau des espaces publics qu’au niveau des opérations d’aménagement, sera privilégiée.

SCOT du Grand Amiénois

Objectif K – LIMITER L’EXPOSITION DES PERSONNES ET DES BIENS AUX RISQUES ET NUISANCES

PRESCRIPTION 1 .2 > Identifier et gérer le risque d’inondation par ruissellement – p.200 du DOO

La cause première du risque d’inondation par ruissellement demeure l’importance de la pluviosité lors d’évènements climatiques majeurs. Mais la présence d’aménagements liés aux activités humaines (habitat, agriculture, voirie, etc.) influe également sur les modalités naturelles du mouvement des eaux dans les bassins versants et donc sur le niveau de risque. Dès lors, la récurrence de ces inondations dans certaines communes doit les conduire à adapter leurs choix en matière d’aménagement pour contribuer à limiter le risque d’inondation par ruissellement, dans une logique spatiale élargie qui, par essence, dépasse les limites communales.

Pour ce faire, les communes et intercommunalités devront :

> Maîtriser l’imperméabilisation et les débits de fuite en zone urbanisée pour limiter le risque en aval

Les documents d’urbanisme exposeront dans leur règlement les dispositions prises afin de limiter l’imperméabilisation des sols et de favoriser l’infiltration des eaux pluviales à l’échelle de la parcelle dans les nouvelles opérations. Lorsque cela n’est pas possible, la maîtrise de l’écoulement des eaux, notamment par la mise en oeuvre de techniques alternatives (noues, bassins, toitures végétalisées, parkings semi-imperméabilisés, etc.), sera privilégiée. À défaut, démonstration sera faite que le rejet à débit limité dans le réseau pluvial est la seule solution. Par ailleurs, dans les nouvelles opérations d’aménagement, les réseaux séparatifs seront privilégiés pour contribuer à limiter le risque.

Amiens Métropole – GUIDE à l’usage des professionnels – Aménagement des eaux pluviales

Sur un terrain urbanisé, les habitations, parkings et voies empêchent l’infiltration. Les risques d’inondation en sont accrus. Plus l’urbanisation est dense et plus le cycle de l’eau est modifié.

Les conséquences sont que :

  • les nappes phréatiques et les rivières reçoivent de moins en moins d’eau de façon naturelle
  • les inondations se multiplient
  • les pollutions apparaissent : l’activité humaine produit des déchets (particules fines, hydrocarbures,..) que les pluies entraînent par lessivage des sols. Ces déchets aboutissent aux milieux aquatiques et créent de véritables pollutions menaçant les espèces les plus sensibles.

Dans le cadre d’une bonne gestion des eaux pluviales, Amiens Métropole s’est fixé des objectifs pour limiter les effets de l’imperméabilisation des sols sur les biens et les personnes :

[…] Diminuer les risques d’inondation

  • En limitant au maximum l’imperméabilisation […]
  • En imposant les techniques alternatives sur les projets de restructuration ou de reconstruction urbaine.
Extrait du Guide à l’usage des professionnels, Aménagement et eaux pluviales – Amiens Métropole

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PADD du PLU de Rivery

Orientation 3 : Un environnement et un cadre paysager à préserver et à valoriser

Gérer le ruissellement des eaux pluviales

Préserver les éléments réduisant les écoulements ou favorisant l’infiltration comme les boisements ou les haies. Réserver les espaces potentiels pour la gestion des eaux, en limitant les surfaces imperméabilisées, en régulant les volumes ruisselés à la source, et en favorisant les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales, quand cela est possible.

Règlement du PLU de Rivery, exemple art. UB4 : Desserte par les réseaux

4.2. Assainissement – b) Eaux pluviales (p.7)

L’écoulement et l’absorption des eaux pluviales doivent être garantis par les aménagements nécessaires, qui sont à la charge exclusive du propriétaire, devant réaliser les dispositifs adaptés à l’opération sur son propre terrain.

L’aménageur doit prendre toutes dispositions pour garantir une qualité des eaux compatible avec le respect de la qualité des eaux de surface ou souterraines.

La gestion des eaux pluviales se fera à la parcelle.


III. Parlons pépètes

Dans son guide à l’attention des professionnels, Amiens Métropole donne des indications de coût des revêtements perméables, avec l’exemple des dalles engazonnées entre 20 et 30€ par m2.

Un travail de synthèse des coûts des matériaux de revêtement, plus complet, a aussi été fait notamment en 2011 par le Pays de Gâtine, qui mentionne le même ordre de coût pour les revêtements alvéolaires (20 à 35€ par m2).

Le coût de l’enrobé noir de base avoisine quant à lui les 10€ par m2.

Concentrons-nous sur les secteurs de stationnement, sur lesquels un changement de revêtement est le plus évident. À 10 m2 par place, on a un écart de l’ordre de 150€ selon le revêtement.

Je ne compte pas l’entretien, un coup de balayeuse équivalant sensiblement à un passage de tondeuse, ni la durée de vie que l’on peut estimer comme étant comparable.

Si l’on considère un projet d’1 millions d’euros, payé au tiers par Rivery, incluant 100 places de stationnement (ordres de grandeur il me semble pour le projet de l’Avenue du Général Leclerc à Rivery), la différence est de l’ordre de 15.000 euros, soit 1,5% d’écart de prix, dont un 5000 euros aux frais de la commune.

Cet écart de prix, chère Métropole, chère Municipalité, est-il trop insurmontable pour tenir sur ce projet vos engagements initialement vertueux ?

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