Boréalia à Amiens : 195 hectares

Boréalia, c’est le doux nom donné à cette zone d’aménagement concerté qui constituerait « un aménagement qualitatif » alliant « qualité environnementale et bien-être au travail », à l’ouest d’Amiens.

Dit autrement, c’est un nouveau projet d’urbanisation, sur 192 hectares, en plusieurs phases, avec des bâtiments, des entrepôts, de nouvelles routes et des parkings, du trafic routier, générant de nouveaux besoins de logements. Une ZAC construite à neuf sur des terres agricoles, dans le but de faire rentrer plus d’argent dans les caisses de la collectivité, et donner à des électeurs, à court terme, l’impression que leurs élus ont fait quelque chose pour le bien commun.

Retour sur 4 extraits de l’article consacré au projet dans la revue des Amiénois, le JDA n°976, le 24 mars 2021.

« Un projet vieux d’un quart de siècle est en passe de se concrétiser »

Autrement dit, le projet date de 25 ans, à une époque qui précède de loin les objectifs de zéro artificialisation nette des sols et de neutralité carbone.
Avant Boréalia, Europa City et l’aéroport Notre-Dame des Landes aussi ont été reconnus comme projets d’un temps révolu.

« Il ne nous reste qu’une vingtaine d’hectares disponibles, soit deux ou trois ans de développement économique »

Autrement dit, dix hectares doivent être artificialisés annuellement [1], c’est la marche des choses. Béatement, sans remise en question.
Sans même sembler un seul instant avoir pris connaissance, même de loin, des enjeux du monde d’aujourd’hui, dont l’état est hérité de cette illusion folle de ressources sans limites.

« Les riverains, les associations et toutes autres personnes concernées seront informés et concertés. Ensuite seulement, la Zac sera officiellement créée »

Autrement dit, quoi qu’il se dise à la « concertation », la ZAC sera créée.
D’ailleurs, on ne concerte pas quelqu’un: on se concerte. Sinon, c’est juste de l’information: voici ce que vous avez décidé.

« Nous voulons des emplois, les habitants veulent des emplois »

Mais si les habitants veulent des emplois, c’est pour eux, pas pour de nouveaux arrivants !
Or, l’expansion des zones d’activités s’accompagne de la même expansion des zones résidentielles, destinées à accueillir les nouveaux embauchés (+ 450 habitants prévus par an entre 2021 et 2026, d’après le Plan Local de l’Habitat d’Amiens Métropole), sans influence significative sur le taux de chômage global, dont l’évolution ces dernières années suit de près l’évolution nationale.
Ce seul raccourci, entre emplois directement créés par un projet et emplois espérés par les habitants, répété en justification à tout projet d’expansion pour les faire accepter, contient la plus malhonnête contradiction, volontaire, que nos élus puissent faire.

Justification de l’artificialisation par l’emploi – détourné d’après un dessin de Xavier Gorce

Par ailleurs, l’avis de l’autorité environnementale (août 2021) souligne :

  • l’absence d’étude de l’impact du projet sur l’artificialisation des sols,
  • l’absence de justification de son incidence soi disant inexistante sur le climat.

Autrement dit, ces enjeux centraux pour notre avenir collectif sont passés sous silence. Par ignorance fautive, ou en connaissance coupable.

Notons que l’opposition à ce projet, menée en particulier par le collectif Stoppons Horror Boréalia, a recueilli plus de 30.000 signatures fin novembre 2021.

Pour faire d’Amiens une métropole durable, chercher sérieusement à atteindre les objectifs de neutralité carbone et de zéro artificialisation nette des sols, et soutenir un retour de biodiversité, nos élus sauront-ils nous proposer un futur en oubliant les recettes du passé?

Article du JDA 976 du 24 mars 2021

[1] L’avis de la MRAE indique même un rythme de consommation foncière de 17 hectares par an entre 2006 et 2016 à Amiens Métropole, toutes occupations du sol confondues.

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