Consultation publique : ZAC Borealia 2 à Amiens

Participation à la consultation publique pour le projet de ZAC Borealia 2 à Amiens, février 2022.

Mesdames, Messieurs, élus d’Amiens Métropole,

Lorsque j’étais enfant, on nous enseignait avec optimisme les bases du développement durable. Trente ans plus tard, c’était nous qui allions faire de notre organisation de société un modèle d’équilibre entre les sphères sociale, économique et environnementale.

Trente ans plus tard, nous avons pris la relève. La connaissance de l’état du Monde et des mesures collectives à prendre s’est considérablement précisée. Malgré cela, les individualismes territoriaux et les insouciances environnementales anciennes persistent, et constituent aujourd’hui les principaux freins au partage des efforts nécessaires.

Trente ans plus tard, un projet d’expansion urbaine datant de mon enfance est sur le point d’être voté, sur un modèle inchangé : artificialiser des sols sans considérer de limites aux ressources ni d’inconvénients aux nouvelles émissions, en particulier de gaz à effet de serre.

La nécessaire recherche d’équilibre de nos territoires, par opposition à toute expansion, constitue la principale motivation de mon opposition à ce projet.

Je relève néanmoins d’autres motifs de réticence dans le dossier d’étude d’impact et dans sa présentation, dont les approximations, erreurs, contradictions et insuffisances traduisent vraisemblablement un empressement de réalisation avant que les impératifs de développement durable ne s’imposent davantage au projet par la réglementation.

L’étude d’impact d’un projet vise à éclairer la décision de son approbation. Or, l’étude indique ici que les principaux impacts du projet seront décrits plus tard. Émissions de CO2 et incidence directe du projet sur le changement climatique, coefficient d’occupation du sol des espaces privés, aménagement des espaces verts, modalités de gestion des eaux pluviales… La seule certitude à ce stade concerne l’emprise du projet, qui n’est d’ailleurs pas partout la même dans l’étude.

Autrement dit, l’approbation de la création de ZAC précèdera la connaissance de ce qui est approuvé. Ce qui, raisonnablement, ne permet pas à cette approbation d’être suffisamment éclairée pour intégrer le projet dans une vision soutenable de notre développement à long terme.

Si je devais me prononcer en responsabilité sur la pertinence du projet, j’exigerai d’abord :

• Que l’on me donne une estimation de toutes les émissions annuelles de CO2 induites par le projet, et que l’on me chiffre la compensation supposée apportée par la végétalisation du projet,

• Que l’on me démontre par un bilan des productions et consommations d’énergie que le projet est compatible avec l’objectif d’autonomie énergétique de la métropole amiénoise, par lequel Amiens Métropole justifie qu’il s’insère dans la dynamique Rev3 régionale,

• Que l’argument des créations d’emplois ne soit pas donné comme une fin en soi pour autoriser une artificialisation de terres, puisque les créations d’emplois à Amiens Métropole s’accompagnent dans le même temps d’environ le double de nouveaux habitants accueillis sur le territoire (statistiques de ces dernières années et objectif pour les prochaines années), la création d’emplois ayant donc peu d’incidence sur le taux de chômage, contrairement à ce que l’argument seul laisse pourtant supposer,

• Que l’argument de l’emploi ne s’entende pas uniquement à l’échelle d’Amiens Métropole, mais qu’il s’accompagne d’une coopération responsable avec les autres territoires, et non d’une compétition. Les créations d’emploi ici correspondant vraisemblablement à des entreprises qui ne s’installent pas ailleurs sur des sites déjà aménagés, comme évoqué par la MRAE, ou à des délocalisations, l’incidence globale du projet sur l’emploi restant à démontrer,

• Que l’on me démontre que le réseau de noues et bassins, permettant une infiltration rapide des eaux pluviales collectées, sera effectivement le support du développement d’une trame bleue par le projet, comme affirmé dans l’étude,

• Que l’on me justifie pourquoi la différentiation territoriale évoquée pour l’application de la réduction de l’artificialisation nette des sols devrait s’appliquer à Amiens Métropole plutôt qu’à d’autres territoires, entendu que la Métropole dépasse déjà le seuil de consommation foncière annuelle autorisée,

• Que la synthèse des avis émis dans le cadre de la présente consultation soit neutre et, dans une démarche de transparence de la prise de décision publique, accompagnée du détail des avis.

Je compte sur vous pour viser enfin un développement durable, par la recherche d’un équilibre reposant sur une logique volontaire de coopération, au contraire de nouvelles expansions causées par une logique subie de compétition.

David Bonduelle, habitant de Rivery


Le site du projet, d’après la notice de présentation (Amiens Métropole)

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